Architecture

Ebersmunster 12

Vue d’ensemble des toits depuis la tour de chœur

D ans l’immédiate après-guerre et jusqu’à la création de l ‘Association, les travaux engagés dans l’ancienne église abbatiale ont essentiellement consisté à la réfection des dommages de guerre. Financés à parts égales entre l’état et la collectivité territoriale, ils ont concerné l’ensemble de l’édifice. Il s’agissait essentiellement d’une « remise en état », et non d’une « restauration » à proprement parler. On évoque des « réparations urgentes » (sacristie, 1945) , la « réparation » de la charpente et couverture (1965), la « réfection » des parquets côté hommes et côté femmes (en 1959, 1960, 1961), d’un vitrage « provisoire »(1948), et de « restauration » des verrières (1951-1952). Ainsi, une mise « hors d’eau » de l’édifice a été assurée.

En 1974, état de conservation des enduits du bas côté sud, dû à des infiltrations. Photo B. Monnet  vue intérieure

En 1974, état de conservation des enduits du bas côté sud, dû à des infiltrations. Photo B. Monnet
vue intérieure

Ebersmunster 18 A partir de 1972 commença une « restauration raisonnée » de l’ensemble de l’édifice, sous la conduite des architectes en chef des Monuments historiques Bertrand Monnet puis Daniel Gaymard. Une première campagne concerna la mise en place de nouvelles verrières à cives dans tout le bâtiment en 1973. Ce fut ensuite la charpente qui fut concernée. En 1974 commença la réfection de l’ensemble du dallage intérieur. L’ancien dallage et le parquet reposaient directement sur la terre végétale. Le nouveau dallage, après une fouille de 60 cm, comprenait gravier, béton « maigre » et dalles de grès. Ce dispositif devait permettre d’assécher la base des piliers et de s’opposer aux remontées d’humidité qui altéraient les enduits et le bas du mobilier.

Ebersmunster 7Ebersmunster 4 A partir de 1979 fut entreprise la restauration complète des décors intérieurs et des peintures murales qui constituent un des attraits principaux de l’église baroque. L’ensemble de ces travaux fut confié à l’entreprise ARCOA, spécialisée dans ce domaine, et domiciliée à Paris. Pendant 7 ans, la nef fut régulièrement encombrée d’échafaudages permettant l’accès aux voûtes. Préalablement aux travaux, le constat d’état établi par l’entreprise permit une analyse fine des décors et leur restauration. Sur les murs composés de briques et de petits moellons de grès est posé un mortier à base de chaux grasse. La couche picturale est un badigeon à la colle blanc ou légèrement teinté de rose. Les peintures murales sont posées à la détrempe (à l’eau et colle de peau). Les décors en relief sont en stuc à base de plâtre et chaux, modelés (et non pas moulés). Corniches et moulurations sont de même composition. Quant aux chapiteaux, ils sont en plâtre sculpté.

Décrépîssage des murs de la face sud du choeur : état en 1993. Photo F. Zvardon

Décrépîssage des murs de la face sud du choeur : état en 1993. Photo F. Zvardon

Mise en peinture du côté nord du choeur, état en 1993 : enduit jaune paille et contreforts en pierre de taille en grès peint en rouge. Photo F. Zvardon

Mise en peinture du côté nord du choeur, état en 1993 : enduit jaune paille et contreforts en pierre de taille en grès peint en rouge. Photo F. Zvardon

L e début des années 1990 va voir, après la restauration des intérieurs, un programme complet de rénovation des enduits et peintures extérieurs, qui conduira à une vive controverse entre l’architecte et la commune, les responsables de l’Association, soutenus par tout le village et dont la presse se fit un écho retentissant. Une première tranche de travaux en 1986 affecta la façade ouest et les trois tours. L’option d’un enduit de couleur légèrement rose et le grès naturel pour les pierres de taille fut choisie, dans l’esprit de ce qui avait été fait juste après 1945 et en 1965. La polémique éclata en 1991 lorsque les murs nord de l’édifice furent enduits de peinture jaune paille et les encadrements de fenêtres, bandeaux, contreforts et corniches (en pierre de taille de grès) en rouge sombre. Cette nouvelle option de teintes préconisée par l’architecte en chef des Monuments historiques et approuvée par la Commission nationale des Monuments historiques s’appuyait sur de nouveaux sondages et des prélèvements effectués sur l’édifice. Ils confirmaient d’ailleurs les constatations effectuées par l’archéologue allemand Carl Czarnowski en 1941, et reprises par ailleurs en 1957 par le chanoine Ohresser dans son ouvrage sur l’abbaye. La surprise fut grande à Ebersmunster et l’étonnement de tous se concrétisa lors d’une consultation organisée par la mairie au cours de laquelle la population réprouva à une écrasante majorité le choix des nouvelles teintes. La levée de boucliers fut telle – la presse locale s’en fit l’écho – que les travaux furent arrêtés par le directeur régional des Affaires culturelles. Une réunion de concertation fut organisée sur place avec les élus, les habitants et les responsables des Monuments historiques. L’option de « baroque bavarois » pur et dur fut rejetée et seule la façade sud reçut les nouvelles teintes. En 1997, lors de la remise en peinture des 3 tours, le compromis adopta la teinte jaune pour les murs, mais les pierres de taille en grès restèrent naturelles, couvertes seulement par un simple lazurage d’harmisation. La peinture des contreforts du côté du choeur fut enlevée. La commune obtint également de ne participer à aucun surcoût financier lors de ces travaux.

Décollement maçonnerie, fissures. Photo C. Bottineau 2007

Décollement maçonnerie, fissures. Photo C. Bottineau 2007

Reprise en sous-oeuvre et injections de béton. Photo C. Bottineau 2010

Reprise en sous-oeuvre et injections de béton. Photo C. Bottineau 2010

A près diverses interventions telles l’aménagement des abords, l’amélioration de l’éclairage et la mise en place d’un local pour l’Association à la base de la tour nord, un gros souci se fit jour en 2004. La tour est adossée au choeur commençait à basculer vers le nord-est. Le rehaussement du choeur au XVIIIe siècle, la canalisation du Rhin au XIXe siècle et les battements de la nappe phréatique ont peu à peu lessivé les sols et fragilisé les pieux en bois formant semelle sous la maçonnerie. Des fissures apparurent le long des joints, sur les appuis de fenêtres et des chutes de mortier touchèrent l’extérieur et l’intérieur. Dès 2007 fut installé, sous la conduite de l’architecte en chef des Monuments historiques Christophe Bottineau, un contrebutement de butons métalliques ancrés dans des massifs en béton armé. De décembre 2009 à mai 2010, la tour fut à nouveau stabilisée par l’injection de béton dans le sol (système jet grounting) par l’intermédiaire de 40 tubes métalliques disposés obliquement sous la maçonnerie, redonnant ainsi une nouvelle assise à l’architecture. Une surveillance constante de l’évolution des mouvements de maçonnerie a été assurée dès le début à l’aide de capteurs disposés dans toute cette partie. Aucun nouveau mouvement n’ayant été constaté jusqu’en 2013, les travaux de réfection des dégâts vont pouvoir commencer.

 

 

Année Nature des travaux Coût total Etat sur HT C.G.67 Commune + association
1972 – 1977 Couverture nef et choeur, réfection dallage, nouvelles verrières :
1973 : vitraux (cives)
1976 : charpente traitement et travaux
1976-1977 : dallage intérieur
600 000 F
700 000 F
1 100 000 F
40%
40%
40%
25%
25%
25%
35%
35%
35%
1976-1983 Restauration des peintures et décor intérieur : ARCOA
1979 : peintures choeur et transept
1981-1983 : peintures nef
2 003 809,85 F(devis)
1 039 000 F
40,00% 25,00% 35,00%
1979 Eclairage : SONOREST (Colmar) 84 000 F 40,00% 25,00% 35,00%
1986 – 1987 Restauration couverture des 3 tours et peinture façade ouest 1 800 00 F 40,00% 25,00% 35,00%
1989 – 1995 Restauration des extérieurs (nef et choeur)
Maçonnerie, pierre de taille : SNCP
Peinture : Eschlimann (Fegersheim)
Vitraux : Atelier 54 (St Nicolas-de-Port), Claude Pierre
Menuiserie : Fraulob (Geispolsheim)
2 226 363,15 F 40,00% 25,00% 35,00%
1992 Antivol : Kessler sécurité 12 500 F 100,00%
1996 Remplacement chauffage (radiants)
1997 Mise en peinture des 3 tours
Peinture : Eschlimann
Paratonnerre : Soc. Alsa. paratonnerre
Couverture : Garnier
619 188,80 F 100,00%
1999 – 2001 Pavage du parvis 3 800,00 € 100% assoc
2001 Restauration sacristie nord 3 800,00 € 100% assoc
2006 Electricité 10 000,00 € 50% assoc
50% fabrique
2007 Installation local association 7 800,00 € 100% assoc
2007 – 2010 Consolidation de la tour orientale
Maçonnerie-pierre de taille : Scherberich (Colmar)
Couverture : Chanzy-Pardoux
Instrumentation : UBC ingénierie
Paratonnerre : Protibat
40,00% 25,00% 10% association
25% Région
2010 Nettoyage tours ouest 2 800,00 € 100% assoc